Bootcamp Race : Montagne de feu par Marc Desgagnés
Voilà quelques années, la course à obstacles Le Défi Viking avait lieu au mont Ste-Anne, avant que celle-ci ne disparaisse, rachetée par l’organisation Bootcamp Race. Continuant mon exploration de courses que je n’avais toujours pas essayées, je me suis donc inscrit à la Bootcamp Race de Québec afin de prendre part à la course qui portait l’intrigante appellation “mission : Montagne de feu”. Voici donc un petit résumé de mon passage à cette course qui m’a agréablement surprise malgré ses quelques lacunes…
Donner la chance aux coureurs
Les « courses » de l’organisation Bootcamp Race sont malheureusement boudées par l’ensemble des coureurs habituels et expérimentés du circuit de courses à obstacles. D’une part, parce que celles-ci ne sont pas chronométrées et d’autre part, parce qu’elles offrent souvent des expériences de moindre qualité, du moins, de l’avis de beaucoup de coureurs.
Malgré ceci, j’ai décidé de donner une chance à la Bootcamp Race de Québec, question de me faire ma propre opinion. Dès le départ, il faut dire que le marketing autour des évènements Bootcamp est intéressant. Le site web est bien conçu et chacune de courses de l’organisation porte une thématique attirante, ce qui tend à titiller notre attention. Parmi celles qui ont retenu mon attention se trouvaient les Missions : les Jarets noirs, le Défi du fleuve, la Mission : Montagne de feu et la Zombie apocalypse.
De plus, chaque description de ce que le coureur aura à affronter donne vraiment le goût d’y prendre part. Pour Mission : Montagne de feu, la description indiquait que le participant devrait de se glisser dans la peau d’un soldat devant affronter une montagne en feu et devant prendre part à des épreuves en lien avec le rôle de sapeur-pompier ou de garde forestier. Du moins, c’est ce que j’avais compris du texte ou que je m’étais imaginé de la chose.
Première impression qui sème le doute
Ouvert à la nouveauté, mais suspicieux de ce que la Bootcamp Race de Québec allait me faire vivre comme qualité de course, mes attentes étaient 50/50. À notre arrivée sur le site de l’évènement ma conjointe et moi, nous pouvons immédiatement sentir que l’engouement pour cette course n’a absolument rien à voir avec celle de la majorité des courses auxquelles je participe dans une saison. Clairement, on ne sent pas le petit côté « festif » de l’évènement et le manque cruel d’exposants sur place est presque désolant.
Ici, pas de casse-tête : pas de puce-chrono, pas de dossards ou de bandeaux numérotés, en fait, nous n’avons qu’un simple bracelet autocollant coloré qui détermine notre vague de départ. Munis de ce dernier, nous nous présentons alors dans la file pour prendre le départ. Bizarrement, les gens sont lancés dans l’aventure par petits groupes de 10-12 personnes à la fois, tout ça sous l’animation de qualité plutôt douteuse de l’animatrice en place. Je me questionne :
« Quelle est l’idée de demander aux gens de se présenter dans leur vague de départ et de ne les faire partir que par petits groupes? »
L’aventure est enfin lancée
En fait, en levant mes yeux pour jeter un œil sur la structure qui se trouve un peu plus haut dans une première légère montée, je peux comprendre que ce qui semble être le premier obstacle est plus difficile qu’il n’en a l’air, du moins, vu de loin. Lorsque vient notre tour, nous détalons comme des lapins sous le « très motivant » coup d’envoi de l’animatrice. En passant, ce n’est pas qu’elle était mauvaise outre mesure, mais elle manquait clairement d’un petit quelque chose de magique pour mettre le feu aux poudres et motiver les troupes.
Une fois arrivé au premier obstacle, je peux enfin comprendre le réel défi offert par celui-ci. Il s’agissait d’un genre de tunnel de filet suspendu qui, lorsqu’on y entre, agit par effet de constriction. Plus on est pesant, plus les côtés nous pressent et nous retiennent prisonniers. D’ailleurs, c’était la première fois que je voyais ce type d’obstacle jusqu’à maintenant et j’ai adoré le défi qu’il offrait.
Par la suite, la Montagne de feu nous accueillait dans sa première réelle montée qui, en comparaison avec Mont Owl’s Head, avait l’air d’une balade dans le parc. En revanche, la chaleur qui régnait cette journée-là rendait celle-ci somme toute assez éprouvante, sans toutefois la rendre hyper difficile. C’était correct et juste à point pour une course qui se voulait être « pour tous ».
Parcours surprenant
Je ne sais pas qui était responsable de dessiner le parcours de la course, mais je crois que cette personne a sûrement eu des échos des commentaires négatifs de l’édition de l’an dernier et fait ses devoirs pour l’édition 2016. Alors que je m’attendais à une course plutôt banale, j’ai été agréablement surpris par plusieurs belles attentions et un parcours bien pensé. Bien que ce dernier ne fût pas très exigeant pour les coureurs intermédiaires et/ou expérimentés, c’était un parcours qui utilisait adéquatement les nombreux obstacles naturels offerts par l’environnement du Mont Ste-Anne.
Les segments se déroulant en sous-bois étaient très bien, tout dépendamment si l’on est pour ou contre les sentiers dégagés ou non. Car les sentiers à emprunter à ces endroits n’étaient pas de belles « trails » proprement dégagées, mais plutôt de simples sentiers peu utilisés qui mettaient en vedette arbres, roches, ruisseaux, souches, boue et j’en passe! Ce n’était pas dangereux, mais ça demandait une certaine attention de la part du coureur.
L’apogée de la course se situait certainement au niveau du Lac du mont Ste-Anne, où nous devions pratiquement nous immerger dans la vase afin de passer sous un filet et sous des pneus! C’était vraiment génial! Quand tu n’as que quelques pouces le « lousse » qui font en sorte que tu ne te retrouves pas complètement enfoncé sous l’eau vaseuse, ça procure un petit rush d’adrénaline assez trippant merci! Pour certains, il s’agissait d’un moment de peur à surmonter alors que pour d’autres, c’était presque un moment d’exaltation!
Au niveau de l’ensemble des obstacles faits de mains d’homme, nous retrouvions nos jouets habituels tels que murs de différents formats, tuyaux, grimpes de corde, transports et flips de pneus, jeux de cordages, etc. Bootcamp possède maintenant son propre Rig et celui-ci offrait un montage assez simpliste, mais quand même difficile en raison de l’immense espacement entre les anneaux et les barres. J’ai bien aimé la rampe (warped wall) de la fin, qui offrait deux degrés de difficultés.
Pas parfaite, mais prometteuse
Évidemment, la maturité de la Bootcamp de Québec est encore très loin de celle des organisations telles que Spartan Race, Dead End Race, Prison Break et autres du genre. Même dans le créneau plus « familial » des courses à obstacles, la Totale Bouette et la 5K Foam Fest font un travail de main de maitre afin d’offrir un produit de grande qualité aux coureurs. Si la Bootcamp Race du mont Ste-Anne veut grandir et attirer l’attention de potentiels clients, elle devra travailler d’arrache-pied à leur offrir une expérience légèrement plus raffinée.
Au moment où le nombre de produits de CàO explose, la Bootcamp devra surtout régler les choses qui ne fonctionnent pas. À mon humble avis, cela commence avec la façon de vendre l’évènement, car bien que le petit nom « Mission Montagne de Feu » ait capté mon attention, j’ai tout de même été déçu qu’environ 90% du parcours ne contienne rien qui soit réellement en lien avec cette thématique.
Le seul endroit où l’on avait un brin d’impression que cette thématique se trouvait au transport du seau d’eau. L’épreuve exigeait qu’on le remplisse à même la rivière pour ensuite effectuer un transport sur une distance moyenne, avant de rejeter l’eau à la rivière et continuer notre chemin. Autre que ceci, rien n’était en lien avec la thématique. Ah oui, nous devions également sauter par-dessus un feu en fin de course… Wow.
Il y a également certains obstacles qui bénéficieraient grandement de corrections techniques afin qu’ils soient mieux conçus. Je pense entre autres au Hoist, où nous devions lever une brique de pierre à l’aide d’une corde. Le problème était que la corde frottait directement sur la structure au lieu de passer par une poulie et en plus, la brique restait prisonnière des travers métalliques de la structure, ce qui était un peu ridicule. Svp, portez attention à vos obstacles, testez-les et corrigez ce qui ne fonctionne pas!
Pour le reste, on peut dire que l’ensemble de la Bootcamp Race Mission : Montagne de feu était plus amusante que ce à quoi je m’attendais. Par contre, si l’évènement veut réussir à se démarquer, à attirer l’attention de nouveaux participants et survivre dans cette jungle en constante évolution qu’est le domaine des courses à obstacles, il faudra travailler fort, très fort.
À l’an prochain, peut-être…
Le produit est là. Le terrain est intéressant et offre de belles possibilités. Il n’y manque plus que quelques ajustements ici et là afin d’en faire une course qui interpellera autant les crinqués de CàO, que monsieur madame tout le monde. Souhaitons que Bootcamp Race entende ceci et nous surprenne l’an prochain.
Un texte de : Marc Desgagnés